Vous trouvez ici mon compte rendu personnel du meetup Content Strategy Lausanne avec Hannah Smith. Pendant près de deux heures, nous avons discuté de l’écriture de fiction et de l’impact d’une histoire sur le lectorat et la société.
Content Strategy Lausanne est un meetup local que j’ai lancé lorsque j’écrivais pour des produits au sein d’une agence web. En Suisse, il existe peu de postes de rédactrices et rédacteurs UX, de content strategist et rédactrices et rédacteurs Web. En créant ce meetup, je souhaitais rencontrer des pair·es. Nous avons démarré le meetup en regardant des webinaires InVision, en partageant des lectures intéressantes et des résumés personnels de livres sur la stratégie de contenu et l’écriture UX. Les présentations étaient suivies d’apéros et de conversations. La distanciation sociale due au COVID a fait basculer le meetup de Content Strategy Lausanne vers des meetup en ligne, ce qui a permis au meetup de se développer au niveau international.
Telling Tales: The Story Behind the Story
D’où viennent les histoires? Et pourquoi les écrivons-nous? Lors de ce meetup, Hannah Smith a partagé quelques-uns de ses propres écrits de fiction, ainsi que l’histoire de la création de cette histoire. Elle a expliqué pourquoi elle écrit, ce qui l’inspire, ses processus, ainsi que des apprentissages personnels à propos de la rédaction. Cet article est ma version très personnelle et subjective de la présentation d’Hannah.
Lorsque j’ai invité Hannah à participer au meetup Content Strategy Lausanne en tant qu’oratrice, nous avons discuté des histoires et de la narration sous l’angle de la littérature. Hannah écrit une belle newsletter hebdomadaire qui me connecte avec une partie littéraire de moi-même qui a peu de place dans mon quotidien dans la phase actuelle de ma vie. Pour être honnête, je suis lassée de l’utilisation du concept de ‘storytelling’ dans le marketing digital, le branding et le design. Même si j’adore l’analyse littéraire et le ‘parcours du héro’, je ne peux plus lire d’articles intitulés ‘Les 7 meilleurs conseils de storytelling pour créer une expérience de marque’! Discuter des opposant·es, des adjuvant·es et du schéma actantiel, de la rédaction de fictions avec Hannah m’a fait très plaisir. J’ai pensé que d’autres personnes de la communauté Content Strategy Lausanne seraient aussi heureuses de discuter avec Hannah. J’ai aussi planifié ce meetup comme un cadeau pour moi-même, un moment pour être inspirée avant l’été au lieu d’un webinaire où je me sens obligée de mémoriser et d’apprendre. Je garde précieusement l’inspiration que j’ai ressentie avec Hannah et vous au cours de ce meetup, pour les après-midis d’été chauds et lents où je serai libre de laisser mon esprit vagabonder et ma plume glisser sur le papier.
Un meetup discussion: slides disponibles mais pas d’enregistrement
Le meetup avec Hannah Smith était une discussion plutôt qu’une transmission de connaissances à sens unique. Après la présentation d’Hannah, les participant·es étaient libres d’allumer leur vidéo et leur micro pour discuter et partager. Pour cette raison, vous ne trouverez pas d’enregistrement du meetup. Les opinions et les idées partagées ne m’appartiennent pas – je ne suis pas à l’aise de les publier publiquement. Je souhaite créer un environnement dans lequel vous vous sentez à l’aise pour partager. Je pense qu’enregistrer et publier un enregistrement sur Youtube irait à l’encontre de cet objectif.
Hannah a accepté de partager ses slides avec la communauté Content Strategy Lausanne. Contactez-moi sans hésiter à l’adresse isaline@pilea.ch pour les demander.
Qui est Hannah Smith?
Hannah Smith est consultante en création de contenu, RP et rédactrice chez Worderist. L’expérience impressionnante d’Hannah dans le domaine du marketing l’a amenée à travailler pour des agences célèbres telles que Distilled et Verve Search avant de créer sa propre consultation Worderist. Le travail qu’elle a effectué pour sa clientèle a été récompensé à plusieurs reprises et elle est intervenue lors de nombreuses conférences, notamment MozCon, SMX, SearchLove et BrightonSEO.
Après être tombée sur des slides d’Hannah sur l’inspiration grâce à Areej Abuali, fondatrice de la communauté Women in Tech SEO, j’ai commencé à suivre Hannah. « Manufacturing Serendipity », la newsletter d’Hannah, est ce qui la représente le mieux à mes yeux. Elle est incroyablement talentueuse, amusante et inspirante. Sa newsletter est un merveilleux échantillon de lectures, d’idées et de créations artistiques.
➡️ Pour recevoir la newsletter de Hannah, inscrivez-vous sur son site internet.
J’apprécie particulièrement la newsletter d’Hannah car ses partages et ses réflexions me connectent avec la partie littéraire de moi-même. J’aime mon travail et l’aspect quantifiable et factuel du référencement naturel (SEO). Toutefois, les cours d’université de philosophie, de linguistique et d’histoire littéraire me manquent parfois.
Motivation(s) de la création artistique
Pourquoi les écrivains écrivent-elles? demande Hannah. Les écrivains écrivent pour des raisons complexes et multiples. Comme Hannah, on peut ressentir le besoin ou la motivation d’écrire. Hannah mentionne également qu’elle écrit pour faire ressentir quelque chose aux gens, pour capter l’imagination des gens, pour aider les gens à acquérir de nouvelles perspectives et pour les faire réfléchir.
Bisa Butler, citée par Hannah, combine le portrait et le tissage pour accorder dignité et respect à ses sujets – celles et ceux qu’elle découvre dans les photographies historiques, ainsi que les membres de sa propre famille. La création donne une forme, une existence aux personnes que Bisa représente dans sa création.
Nous n’en avons pas discuté lors du meetup, mais je pense qu’il y a quelque chose de cathartique dans l’action d’écrire, ou dans toute autre création artistique. Mettre des mots sur le papier m’aide personnellement à créer une distance entre la réalité et moi. Cette distance m’aide à prendre du recul. Il m’arrive de réécrire la situation du point de vue de quelqu’un d’autre pour me donner une meilleure compréhension. En d’autres termes, mon cerveau d’analyse est activé par la rédaction. Grâce à la rédaction, les sentiments deviennent de l’expérience et des connaissances. Bien que l’intention initiale ne soit pas de créer un texte que je souhaite publier, l’idée qu’il sera lu existe dans ma tête. J’utilise également ce type de ‘journal’ pour rassembler du matériel pour d’éventuels autres écrits.
Les histoires influencent la société
Les histoires ne sont pas seulement des miroirs, elles contribuent à façonner la société. Les histoires racontées aux enfants façonnent leur vision du monde, de leurs actions et des comportements. Hannah mentionne des contes populaires tels que le Petit Chaperon rouge, le Chat botté et Cendrillon de Perrault. Les contes populaires étaient traditionnellement transmis oralement et avaient pour but d’enseigner une morale au public. Charles Perrault a été le premier écrivain à publier des contes populaires.
Dans le Petit Chaperon rouge, l’histoire apprend aux enfants à rester dans le droit chemin ou à être tenu·es pour responsables des malheurs qui leur arrivent parce qu’ils ou elles ne suivent pas les règles. En d’autres termes, le Grand Méchant Loup n’est pas tenu responsable de ses actes, la victime est blâmée plutôt que l’auteur de la violence (le loup).
Avec divers exemples, Hannah nous a montré comment les histoires nous enseignent des comportements qui servent les autres, mais qui ne nous servent pas forcément nous-mêmes. La présentation d’Hannah m’a rappelé que les contes populaires ont contribué à créer ce que nous appelons en sociologie et en philosophie françaises la Doxa. La Doxa est un ensemble d’opinions et d’idées qui ne font pas débat dans une société donnée. Les opinions qui font partie de la Doxa d’une société donnée sont évidentes : elles ne sont pas discutables, il y a un accord général qui dit « c’est bien ». La Doxa représente l’opinion publique dominante.
La présentation d’Hannah m’a également rappelé d’anciens cours d’histoire. Je me souviens de quelque chose comme des cours d’histoire critique, où j’ai appris que l’Histoire est une interprétation des faits. Écrire l’histoire, c’est proposer une version de la réalité, la personne qui écrit l’histoire a le pouvoir de choisir les mots – avec leur signification sous-jacente – et la manière dont l’événement est raconté. Ce que l’on choisit de se souvenir compte. Pour comprendre une réalité passée, un·e historien·ne rassemblera un faisceau de matériel et de documents provenant de différentes sources.
Le processus de rédaction d’une fiction
Hannah nous a lu une de ses propres nouvelles intitulée « The Knock Knock Man » et a partagé son processus de création. J’ai trouvé intéressant que le point de départ d’Hannah ne soit pas « J’ai une histoire à raconter », mais plutôt son genre préféré, un lieu familier, un type de personnage et son désir d’une nouvelle qui offre un ‘gift of knowledge’.
En analysant son propre travail, Hannah a partagé la liberté qu’elle a prise avec le genre qu’elle a choisi. Par exemple, elle a choisi d’écrire à la première personne au lieu d’utiliser une narration omnisciente. Son choix de narration limite les explications qu’elle peut partager avec le lectorat et cache ainsi en partie la complexité de la situation des personnages de la nouvelle.
Extraits de la conversation qui a suivi la présentation d’Hannah
Erich, qui écrit beaucoup dans le genre de l’horreur, a constaté un forte ressemblance entre le genre des contes de fées, des contes populaires et de l’horreur. Les histoires d’horreur ont souvent un aspect éducatif – au point que certaines d’entre elles sont parfois détournées par un sexisme profondément ancré et d’autres -ismes. Dans ses propres mots, Erich nous a écrit Horror stories often have a cautionary or educational aspect to them as well—to the point of some of them being occasionally hijacked with deep-rooted sexism and other -isms. Erich a également expliqué comment le fait de se fixer des délais l’aide dans son processus d’écriture. C’est un peu « l’art à travers l’adversité si vous devez créer contre une contrainte de temps, » i.e. A bit of « art through adversity » if you have to create against a time constraint dit-il.
Ensemble, nous avons discuté des processus de rédaction, de correction et réécriture des fictions. Hannah réécrit jusqu’à 30 ou 40 fois une histoire, par exemple en prenant le point de vue d’un autre personnage sur l’événement. Nous étions d’accord pour dire qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais endroit pour écrire, ni de bonne ou de mauvaise façon: le plus important est de s’asseoir et de prendre le temps.
Les nouvelles sont un format intéressant à explorer en raison du nombre limité de caractères. L’auteur doit choisir avec soin les informations à partager et la manière de le faire. Quant aux romans, ils demandent un haut niveau d’engagement.
Merci Hannah
Merci Hannah d’avoir créé cette présentation étonnante et d’avoir partagé avec nous une courte histoire personnelle. Le rythme de la présentation elle-même ressemblait à une histoire. Hannah a la capacité d’emmener l’auditeur dans un voyage. Le ton de sa voix et le choix de ses mots permettent à la fois de partager des connaissances et de s’ouvrir à la réflexion personnelle. C’est ce que j’apprécie le plus dans ce que je lis d’Hannah – comme sa lettre d’information – son écriture relie les points et les idées.
J’admire Hannah pour le courage dont elle a fait preuve en lisant une nouvelle personnelle. Elle s’est lancée dans l’aventure. J’ai également été très impressionnée par la sincérité et l’honnêteté avec lesquelles Hannah a répondu aux questions et discuté avec nous. Un grand merci à Hannah et à chacun des participants. J’ai passé un moment merveilleux qui m’a rempli d’énergie. Enfin, merci à Hannah de m’avoir donné l’inspiration pour écrire cet article de blog. J’ai eu du plaisir à prendre le temps d’écrire cet article.